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Instrumentistes

Historiquement, les musiciens militaires forment deux catégories distinctes : le soldat et le musicien.

Une "Clique" se compose de tambours et clairons (ou "fanfare" de tambours et trompettes dans la cavalerie) qui sont des soldats. Tout autre instrument fait partie d'une "Musique". La Clique rejoint la Musique pour les cérémonies (par exemple, "La Marseillaise" est difficilement jouable par une clique).

L'instrumentiste d'ordonnance, qu'il soit Clairon, Trompette ou Tambour, est un transmetteur d'ordres. C'est un soldat. Ce n'est pas, à priori, un musicien.

Le 24 juillet 1534 une ordonnance de François Ier crée une infanterie française permanente et la dote de deux tambours par compagnie; leur solde y est mentionnée. Ces tambours sont donc les premiers transmetteurs officiels dans les corps de troupe!

Sous le règne de Louis XIV, l'augmentation des régiments engagés menace le champ de bataille de cacophonie : aux tambours et trompettes se joignent les timbales de cavalerie, les hautbois des dragons et les instruments des régiments étrangers. Les ordonnances royales fixent alors les instruments d'ordonnance et en limitent le nombre.

Selon l'époque, le besoin et l'arme, l'instrumentiste transmetteur d'ordre est désormais un Tambour d'ordonnance, un Clairon ou un Trompette (et non "une" trompette comme son instrument). L'Instruction du 18 juin 1912 du ministère de la guerre précise par exemple les "Batteries et sonneries pour les armes munies du tambour et du clairon ou seulement du clairon".

En 1831, quand les corps de troupe furent dotés de clairons, le chef de Musique Melchior composa un répertoire de sonneries règlementaires pour clairon dont la plupart étaient basées sur les rythmes des batteries de tambours correspondantes. Elles pouvaient ainsi être exécutées soit par les tambours seuls, soit par les clairons seuls, soit par un ensemble de tambours et de clairons, suivant les nécessités du service.

La Cavalerie utilise traditionnellement les trompettes et est dotée de son propre répertoire composé par David Buhl en 1803.

Tous les échelons de commandement ont un Instrumentiste à proximité afin d'assurer la transmission des ordres et commandements.

Le règlement de 1918 donne 4 clairons ou tambours affectés à chaque compagnie. Ce même règlement précise que le rôle des clairons et tambours est notamment celui de faire office d'agents de liaison au capitaine de la compagnie.
On trouve également un caporal clairon au sein du petit état-major de chaque bataillon.

Comme leur nom l’indique, les "signaux d’ordonnance" ne sont pas des musiques bien qu’ils soient joués sur des instruments de musique. Leur rôle n’est pas musical puisqu’ils doivent transmettre des ordres.

Au quartier ou à la caserne, au poste de garde, un clairon (ou trompette) de permanence rythme le cours de la journée ( le réveil, les couleurs, le courrier, le rapport, la soupe, l'appel des punis, les ordres au pas de tir, l’extinction des feux...) ou appelle précisément un gradé ou un groupe de permanence (le sergent de semaine de telle compagnie ou le piquet d'incendie...). Levé tôt et couché tard, il profite heureusement de quelques petits privilèges: exemption de corvées, de gardes, de services, priorité de passage au réfectoire, horaires de répétition...

En campagne, tous les ordres peuvent être donnés au clairon ou à la trompette : charge, retraite, etc. L'instrumentiste d'ordonnance est près des chefs et transmet ou répercute les ordres de ces derniers, ce qui est souvent loin d'être une "planque" et peut même l'exposer au feu plus que d'autres.

Chaque Instrumentiste connaît l'ensemble des sonneries ou batteries selon son instrument. Et il y en a un certain nombre à retenir: dans son instruction pour le tambour-major, l’ordonnance du 4 mars 1831 précise que « le nombre des batteries est fixé à vingt, non compris les batteries particulières à chaque régiment ». Suit l’énumération de ces batteries. A la page suivante : « le nombre des sonneries est fixé à vingt-six, non compris la marche particulière à chaque régiment ». Suit la liste de ces sonneries.

Donc comme il n'est pas musicien, notre soldat les mémorise à l'oreille. D'où l'invention d'onomatopées pour le tambour et de paroles lui permettant de retenir la signification des airs... Paroles simples, parfois fort lestes et pas toujours du meilleur goût. Cependant il est facile de les retenir: ainsi, l'instrumentiste évite-t-il de confondre l'appel de la soupe ("c'est pas d'la soupe, c'est du rata...") avec "Aux champs" ("v'la l'Général qui passe...")!

La formation des musiciens d’ordonnance était assurée par l’armée. Aujourd'hui, lors des cérémonies militaires, les signaux d'ordonnance sont généralement joués par des musiciens appartenant à des musiques militaires, mais d’une part ces formations sont en nombre réduit et d’autre part ce n’est pas leur rôle.

Quelques jeunes, voire très jeunes tambours sont restés célèbres. Il faut aussi faire une place au rôles des Tambours-Majors.